11/05/2019
© Sebastian - THIRST réalisé par Gaspard Noé, 2019 
Le clip du jour, c’est THIRST de Sebastian réalisé par Gaspard Noé.

Lumières de néons stroboscopiques, ambiance lourde et inquiétante, personnages surgissant de l’ombre…
Un homme reconnait une femme dans une boite, l’aborde rudement, et tout dérape. C’est ainsi que commence clip THIRST de Sebastian sorti ce jeudi et réalisé par Gaspard Noé. Il s’inscrit dans la continuité de sa filmographie, en travaillant une plastique entre réalisme et esthétisation qui séduit autant qu’elle trouble.

La musique de Sebastian, qui signe avec ce single son retour en solo sur la scène musicale, se mêle au cheminement ininterrompu de la caméra en installant une atmosphère électrique et nerveuse autant qu’aérienne.

C’est la deuxième collaboration de ces deux artistes après le troublant
Love in Motion de 2012, et il faut admettre qu’une nouvelle fois le duo frappe fort. Le clip THIRST est violent, sans concession et presque oppressant.

Sa forme en huit clos situé sur une piste de danse rappelle le récent film
Climax, réalisé également par Gaspard Noé. THIRST s’en rapproche avec des qualités et des défauts similaires.

L’image ainsi construite ressemble à beaucoup de films de Gaspard Noé, qui semble investir ses propres codes cinématographique sans véritablement réinventer une identité originale pour ce clip. Les lumières rappellent
Enter The Void, le début celui d'Irréversible… Le clip ne développe aucun propos particulier au fil d’une narration très condensée qui met en valeur beaucoup plus  la forme que le fond.

THIRST demeure cependant un clip coup-de-poing, vibrant, qui ne laisse pas indifférent. Son plan séquence entraîne le spectateur à suivre une forme d’anti-héros de manière impuissante. L’intelligence du regard qui suit ce personnage nous fait passer de l’antipathie à l’empathie en quelques secondes, et questionne notre faculté d’identification et de distance.

La violence, moteur principal du clip, pose question par son utilisation esthétique qui fait décor sans être sujet de la vidéo, tout en étant le symbole d’un parti-pris radical de représentation.

Un clip à voir, dans tous les cas, absolument.