15/05/20
Alors que les tournages sont interrompus pour une durée indéterminée et qu'on est encore encouragé à rester chez soi, le monde de l'audiovisuel traverse de sombres heures... Comment faire pour continuer à créer tout en étant à un mètre les uns des autres ? TÉMA! a posé la question à des réalisateurs et réalisatrices qui ont sorti un projet durant le confinement.
Lucas Minier
Réalisateur du clip Velvet pour TASTYCOOL
Peux-tu te présenter toi et ton travail ?
Je m'appelle Lucas, j'ai 22 ans et je bosse depuis un peu plus d'un an sur des plateaux de tournages en tant qu'assistant caméra. En parallèle de mon métier, j'écris et réalise différents projets, notamment des clips pour mes potes Tastycool que j'ai recontré pendant mes études à Angoulême. D'une manière générale j'essaie de ne pas m'enfermer dans un style, et d'imaginer les clips par rapport à ce que je ressens en écoutant le morceau pour la première fois. A chaque fois, je me projette des images, et il y en a une qui est plus puissante que les autres et sur laquelle je vais me baser pour écrire.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que beaucoup de clips se construisent autours de "concepts", et que les réalisateurs ont des "recettes" qu'ils réutilisent sur leurs différents projets. Je ne suis pas du tout adepte de cette méthode, et préfère rester libre de travailler dans des univers variés. D'ailleurs, mes précédents projets avaient une tendance plus onirique, c'est la première fois que je travaille dans un registre aussi réaliste.

Comment t'est venue l’inspiration pour ce clip ?
Le morceau du clip a été écrit pour un pote à nous, Ykon, qui venait de sortir d'une relation amoureuse un peu agitée. C'est directement à lui que j'ai pensé quand j'ai écouté Velvet, et je me suis mis en tête de le filmer simplement, sans trop d'artifices, dans son quotidien. Je me suis souvenu du dernier tournage qu'on a fait ensemble, où il s'était blessé et avait fini avec un pansement d'enfant sur la joue. C'est un objet que j'ai choisi de mettre en avant dans le clip, qui au-delà de sa symbolique, allait servir de fil conducteur dans l'histoire que j'allais mettre en scène. On a beaucoup discuté avec Ykon et on a imaginé ensemble une journée qu'il aurait pu vivre en incarnant Velours, le personnage du clip. Dans une volonté de reconstruire au mieux son univers, c'est lui qui a entièrement redécoré la chambre du clip, avec des oeuvres, photos et objets qui lui appartiennent. Il y a d'ailleurs véritablement dormi pendant le confinement.

En quoi le confinement a-t-il affecté ta manière de travailler ?
La semaine de l'annonce du confinement, on devait se rejoindre avec notre équipe habituelle pour faire des repérages. Quelques jours plus tôt, on a entendu les rumeurs sur le confinement, et on s'est dit qu'on prendrait notre matériel avec nous au cas où on resterait bloqués sur place. Initialement, on avait prévu de louer de l'équipement pour le clip, et on s'est retrouvés avec un appareil photo, une mandarine et deux minettes  (petits panneaux LEDs ndlr), ça réduisait un peu les possibilités… Mais on a essayé de faire au mieux, et finalement ça nous a forcé à être inventifs. Par exemple, pour les séquences qui nécessitaient de la figuration, j'ai filmé plusieurs fois les mêmes potes en rusant sur la lumière et le cadre pour ne pas qu'ils soient reconnaissables. 

La ville tient une place importante dans le clip, je souhaitais vraiment qu'on ressente l'ampleur des bâtiments, le béton, et que les seuls êtres organiques soient des hommes (aucune plante, aucun arbre). Pour les plans en extérieur, on sortait tous les deux avec Ykon, la caméra cachée sous le manteau pour être le plus discrets possible. Malgré notre vigilance, quand on est sortis taguer le premier soir, on s'est fait arrêter par la police, mais on a réussi à s'en sortir avec une simple saisie des bombes de peinture.
Finalement le confinement nous aura surtout permis d'avoir beaucoup de temps à consacrer au tournage et au montage et je pense que les contraintes auxquelles on a dû se heurter ont été bénéfiques et ont donné une âme au clip, peut-être grâce à son côté "artisanal".


Ton prochain projet ?
Pour la suite je n'ai encore rien de concret mais je travaille depuis l'an dernier sur l'écriture d'un court-métrage. Mes potes Tastycool sortent bientôt un nouvel EP et continuent de composer, on fera encore plein de projets ensemble. On est jeunes et on a plein d'idées en tête!
Mathilde Vogt
Réalisatrice et illustratrice du clip Magnetic pour Panache!
Peux-tu te présenter toi et ton travail ?
Je m’appelle Mathilde, j’ai 23 ans et d’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours adoré dessiner. C’est cette passion qui m’a poussé à m’orienter vers les arts appliqués après le lycée. J’ai étudié le design graphique, mais en parallèle j’ai gardé une pratique assidue du dessin, sur mon temps libre. Petit à petit j’ai développé mon univers. Je suis une personne assez mélancolique et l’inspiration me vient de ce que je ressens. Très souvent c’est un sentiment qui m’inspire, une musique ou un souvenir. Je puise dans ce qui m’entoure, dans ce qui me fait rêver. C’est sans doute cela qui donne ce côté poétique et contemplatif à mes dessins.
 
Comment t’es venue l’inspiration pour ce clip ?
Quand Panache! m’a contacté pour réaliser le clip de Magnetic, j’ai tout de suite été emballée par l’atmosphère énigmatique qui s’en dégageait, l’attraction qu’il évoquait. Et la chanson me plaisait. La collaboration a été très fluide, nous n’avons eu aucun mal à combiner nos univers. Comme dans mes dessins, j’aime beaucoup mêler références à la vie quotidienne & éléments hors du sujet, j’ai choisi d’ancrer une partie des plans dans un univers connu de tous, les transports en commun, un lieu où nous sommes confrontés à des inconnus, où l'on croise des regards. Ce que j’avais le plus retenu après ma première écoute de Magnetic, c’était l’attirance évoquée dans les paroles, cette quasi obsession. C’est ce qui m’a guidée dans les choix visuels et qui explique l’importante présence des yeux dans ce clip, bien qu’ironiquement les personnages que je dessine habituellement en soient dépourvus. La façon dont j’ai interprété les paroles, c’est que l’œil, outre être notre organe de vision, peut aussi être une sorte de projecteur pour les autres. On regarde, on est regardé. Panache! souhaitait faire référence à l’atmosphère des boîtes de nuits. C’est un univers riche en lumières, un peu flou à mesure que le temps passe, hypnotique. C’est aussi un lieu où on observe, ce qui me marie très bien avec le morceau. 
 
En quoi le confinement a-t-il affecté ta manière de travailler ?
J’ai un emploi en parallèle de mon activité de freelance, et comme beaucoup de personnes je me suis retrouvée au chômage partiel. Le clip en était au stade de peaufinage, alors j’ai pu le terminer tranquillement. J’ai donc eu la chance de me retrouver dans une situation où j’avais beaucoup plus de temps pour créer & travailler sur mes propres projets, tout en sachant que j’aurais quand même de quoi payer mon loyer. Je vis seule, j’étais la seule personne dont j’avais à m’occuper, un luxe que tout le monde n’avait pas, j’en suis bien consciente. Alors je me suis remise à la peinture, j’ai dessiné encore plus que d’habitude, en essayant d’être davantage exigeante envers moi même. J’avais du temps donc pas d’excuse. Et j’ai eu d’autres opportunités en tant que freelance. J’ai aussi pris plus de temps pour découvrir de nouveaux graphistes et illustrateurs, me tenir au courant de l’actualité des milieux créatifs. En résumé je dirais que j’ai essayé de mettre ce temps à profit, même si moralement ce n’était pas facile tous les jours.

Ton prochain projet ? 
Je travaille actuellement à la mise en page et l’illustration d’un livre pour enfants visant à leur faire apprendre le piano. Et côté perso, j’aimerais continuer à développer mon activité d’illustration, c’est vraiment un domaine où j’aimerais multiplier les projets, et ce ne sont pas les idées qui manquent.
Romain Winkler
Réalisateur du clip Hardcore pour Odezenne 
Peux-tu te présenter toi et ton travail ?
Je suis réalisateur. Plutôt fiction, courts et moyens métrages et beaucoup de clips, puisque j'en ai fait à peu près 35 la plupart durant les cinq dernières années. J'en ai beaucoup fait pour Odezenne justement, plus d'une quinzaine, c'est la famille. Le clip est une passion depuis tout jeune, j'ai été très marqué par MTV, la deuxième moitié des années 90 notamment, avec Gondry, Spike Jones, Cunningham... C'est assez classique pour ma génération.  J'aime explorer des univers différents à chaque fois, coller à la musique et y apporter un petit plus. J'aime aussi l'idée d'essayer d'être assez original, rafraîchissant. J'aime les caméras incarnées, les points de vues parlants, les regards caméra, la caméra en tant que personnage à part entière. Et j'aime travailler avec des acteurs.  Je suis aussi cadreur et monteur sur différents projets, pas toujours les miens. 

Comment t’es venue l’inspiration pour ce clip ?
L'idée du clip vient d'un pote commun avec Odezenne, aussi réalisateur : Michaël Renassia. Il a suggéré de faire quelque chose de participatif, il a dit en gros nique le covid, on fait du covidéo.  Il avait pour idée de demander aux gens de filmer leurs fenêtres, on en a parlé avec le groupe, et le morceau Hardcore qui avait été fait en août dernier faisait pas mal écho au moment qu'on vivait. Ensuite en cours de montage, Michaël a aussi amené sa touche en faisant des fonds en digital art et la fin du clip, avec le virus psychédélique. Fin qui a son importance en termes de sens, surtout pour Michaël qui a perdu des très proches à cause du covid. 
Après, l'inspiration pour le montage vient d'un gros, gros, énorme même, boulot de dérushage. Avec près de 5000 vidéos reçues... C'est technique. Une fois le premier tri fait, j'ai procédé par essais, par expérimentations et en classant les plans. Le montage à proprement parler est assez intuitif, le seul plan que j'avais en tête c'était de faire une sorte de choeur de fenêtres, faire parler les gens d'une seule voix à travers elles, et de faire un objet fait de mouvements, reculs, avancées, panoramiques, etc, comme un voyage où y'aurait toujours des fenêtres derrière des fenêtres. Ouvrir et fermer des fenêtres à l'infini car on sait pas où on va. Avec les rushs a émergé une autre thématique qui résonne aussi avec les paroles : le printemps. C'est quelque chose que j'ai privilégié assez vite du coup dans le choix des plans. Enfin, la fenêtre, en soit, c'est très inspirant artistiquement, c'est un cadre, le point de départ obligé de toute création. Et c'est une frontière. Intérieur, extérieur, autre chose de très important dans la musique, le cinéma, la peinture... 

En quoi le confinement a-t-il affecté ta manière de travailler ?
Travailler en confinement, c'était compliqué surtout parce que j'ai un fils de bientôt 2 ans. Il a fallu s'organiser ! J'ai pas mal bossé de nuit, le matin surtout. Aussi, y'a pas de week-ends, pas de deadlines ou de réunions, de visionnages ou autre,  et à côté de ce projet, y'avait pas grand-chose d'autre comme taf, alors c'était un beau tunnel de trois semaines non-stop, très immersif, un vrai confinement à l'intérieur du confinement.

Ton prochain projet ?
J'ai deux trois projets de clips en cours, mais on ne sait pas vraiment quand on va pouvoir tourner. En attendant, j'essaye d'écrire au maximum, un scénar de court et un de long en espérant que le secteur ne soit pas trop dévasté dans les deux prochaines années. Sinon on fera des films en DIY, en quasi solo avec les moyens du bord. On garde la pêche. 
Matthias Eyer
Réalisateur du clip Akkë Noguë pour Ghondawa
Peux-tu te présenter toi et ton travail ?
Benjamin d’une famille protestante de cinq garçons, j’ai été élevé à Blaison-Gohier, dans le Maine-et-Loire. La cinéphilie et mes premiers essais vidéographiques me font conclure un pacte secret avec moi-même : faire des films. Je m’oriente naturellement vers un lycée à Angers avec une option cinéma, où j'y rencontre les futurs membres de Gondhawa. Mes enseignants, mes premières expériences de tournage et le festival Premiers Plans d’Angers me poussent vers un BTS Audiovisuel en option Image, suite à quoi j’intègre l’ENS Louis-Lumière, section cinéma, et commence à travailler en tant que chef opérateur et réalisateur, notamment pour de la fiction et des clips vidéo. Je viens d’avoir 27 ans ; j'espère ne pas (encore) rejoindre Janis, Jimi et Kurt.

Comment t’es venue l’inspiration pour ce clip ?
Le projet de Akkë Nogüé vient d'Idriss Besselièvre, chanteur et joueur d'instruments à cordes du groupe Gondhawa. Privé de répétitions avec son groupe, il s'est mis à faire de la musique avec des gens trouvés sur internet, inconnus pour certains. De là est parti le projet "Gondhawa feat Amyïokönkî" (comprendre Ami au confinement) avec un premier morceau, Akkë Nogüé. Idriss m'a proposé de faire un clip pendant le confinement, un truc simple et bricolé.
J'ai très vite accepté car le projet et la musique étaient intéressants. Nous nous sommes mis d'accord pour mêler prises de vues faites par Idriss avec son téléphone et effets pré-enregistrés à d'autres de mes images faites depuis chez moi avec du matériel professionnel.
Ces morceaux (il y en a d'autres en attente) sont comme les escales d'un vaisseau spatial qui irait visiter plusieurs planètes. Nous avions besoin d'un "fil conducteur" et avons choisi l'univers des coquillages. Il fallait aussi une idée visuelle, et j'ai choisi d'utiliser du feu, élément un peu à l'opposé d’univers marin du coquillage.


En quoi le confinement a-t-il affecté ta manière de travailler ?
Ma grand-mère disait toujours : "Il est beaucoup plus simple de faire avec ce qu'on a plutôt qu'avec ce qu'on n'a pas". En vrai, elle n'a jamais dit ça,  mais je lui attribue souvent cette citation en tournage. Et là c'était le cas : j'avais des coquillages chez moi, de l'acétone pour y mettre feu ; j'ai utilisé ce que j'avais à porté de main, des accessoires glanés au gré des tournages, des voyages et de la récup.
Le "vaisseau" est fait avec un rouleau de PQ, une diode issue d'un ballon lumineux, un condensateur de TV, des Pin's, une boîte d'œufs, du scotch métallique et quelques bricoles, mais je trouve que ça fonctionne bien car le tout fait partie d'un univers "Do it yourself" un peu bricolé, type Gondry ou Douwe Dijkstra. C'est aussi ce qui est beau et génial ; réussir à évoquer beaucoup avec très peu. Il y a aussi quelques rares images libres de droit glanées sur le World Wide Web, que j'ai ré-arangé et bricolé numériquement.


Ton prochain projet ?
Il y en a beaucoup ! Côté clips : le second volet des aventures cosmiques de Gondhawa et Amyïokönfî,  avec une superbe musique, un concept encore plus wtf ; un clip pour la chanteuse Camille Feist que nous avons aussi tourné pendant le confinement et un clip pour le groupe Dégaine. J’ai aussi deux projets de court-métrages en écriture, un docu-fiction actuellement en montage, pour lequel nous attendons la fin du confinement afin tourner deux scènes. Il y aussi un documentaire sur Gondhawa (toujours eux) que j'avais filmé pendant quelques jours lors de l'enregistrement de leur album. Ce webdoc devrait sortir vers la rentrée, peu avant la sortie de leur album. Enfin, un docu pour une ONG à Kaboul que je devais tourner en juin en Afghanistan mais, confinement oblige, le tournage est repoussé.
Benjamin Cotto
Réalisateur du clip Lonely Life pour son groupe Lilly Wood & The Prick
Peux-tu te présenter toi et ton travail ?
Je suis Benjamin Cotto, la moitié du groupe de musique Lilly Wood & The Prick avec Nili Hadida. J'ai 34 ans je suis un musicien, compositeur, auteur, interprète et réalisateur français. Je vis à Paris.
Très jeune j'ai eu envie de raconter des histoires avec des images et de la musique. J'ai commencé mon travail de réalisateur en réalisant des sujets de mode pour la télévision française, puis des documentaires plus ou moins spécifiques sur divers domaines, politique, sociaux, etc. Puis avec mon groupe, très naturellement, je suis passé derrière la caméra pour réaliser nos  propres vidéo clips.

Comment t’es venue l’inspiration pour ce clip et comment le confinement a-t-il affecté sa réalisation ?
Juste avant le confinement nous devions réaliser le clip de notre prochain single avec Lilly Wood & And The Prick. Cette situation inédite et la situation géographique du groupe  (Nili habite à la campagne et moi à Paris) nous a très rapidement amené à utiliser des outils comme Skype, Facetime pour se parler et aussi se voir.  
Avec Nili, nous n'aimons pas rester à attendre que les choses se fassent toutes seules et nous n'étions pas partisans de rajouter une couche à la multitude de posts sur les réseaux sociaux de reprises en tous genres et de sessions acoustiques que beaucoup d'artistes se sont sentis obligés de diffuser. Après quelques semaines je me suis dit que nous pourrions sortir une autre chanson que celle initialement prévue, Lonely Life, plus folk et plus proche de nos débuts pour préparer notre retour après 5 ans d'absence. On s’est alors posé la question de comment mettre cette chanson qui parle d'isolement et de solitude en images.
Je crois que cette idée devait trotter dans ma tête depuis quelques jours : enregistrer toutes nos conversions visuelles sur les différents outils et réseaux sociaux (House Party, Face Time, Skype, Zoom etc...). J'ai toujours documenté ma vie et celle du groupe. Adolescent ou jeune adulte, j'avais tout le temps une caméra avec moi, un petit caméscope, un téléphone, enfin quelque chose qui me permettait d’enregistrer ma vie en journée et de nuit, dès que je sentais qu'il fallait que je le fasse. D'ailleurs nos premières chansons avec Nili ont été enregistré via un caméscope ! En regardant tous les enregistrements de nos échanges, je me suis dit que cela pouvait parfaitement illustrer cette chanson, Lonely Life. J'ai alors commencé un montage simple d'une succession de moments vrais de nos vies, spontanés et intimes, pendant ces deux mois de confinement. Nous ne voulions aucunement faire un clip qui sonne faux, faire de la surenchère, cela ne nous semblait pas approprié.  Nous avons voulu nous montrer sans filtre si j'ose dire, nous montrer tels que nous sommes, deux personnes confinées comme tout le monde.

Ton prochain projet ?
Avec Nili nous sommes en écriture sur nos deux prochains clips. J'ai commencé l'écriture de deux longs métrages que j'ai l'impression que je ne terminerai jamais. Et on termine d'enregistrer notre quatrième album.
Maxime Baïle
Réalisateur du clip Home de Pléthore
Peux tu te présenter toi et ton travail ?
Je m’appelle Maxime Baïle. Je suis graphiste de formation et photo-vidéaste. Ce que j’aime, c’est fabriquer des images en mouvement par tous les médiums possibles :  film, photo, drone, animation… Je suis un touche-à-tout qui se cache aussi bien derrière une caméra qu’une tablette graphique.
J’ai longtemps travaillé pour l’habillage TV et le motion design où toutes les techniques se mélangent pour répondre aux besoins des chaînes (IDs, génériques, bandes-annonces…)
Depuis deux ans, j’ai monté la société de production Bijoute avec Annouk Laviolette et Annabelle Mai. Nous accompagnons les agences de communication et les labels dans leurs projets, et nous avons depuis produit plusieurs clips et publicités digitales.

Comment t’est venue l’inspiration pour ce clip ?
L’idée de "Home", je l’avais dans un coin de ma tête depuis le tournage de "Lonosphère" (réalisé par Alexis Leclercq, dont j’avais signé la photographie). Le personnage de Pléthore m’avait beaucoup plu et la version illustrée par Camille Lemeunier (l’illustratrice à l’origine du personnage, ndlr) se projetait dans ma tête comme un roadtrip graphique.
J’attendais patiemment qu’un morceau se prête à l’exercice. Quand Louis (chanteur et batteur de Pléthore) m’a appelé pour "Home" c’était l’occasion rêvée, on a échangé quelques réfs et le reste est venu très facilement, l’idée principale étant de promouvoir le voyage intérieur plutôt qu’extérieur en ces temps confinés. Nous avons convenu de quelques principes comme la déambulation du personnage dans des paysages épurés et graphiques. Le début du clip nous était évident et j’ai ensuite brodé avec quelques transitions pour évoluer d’un univers à l’autre, du jour à la nuit, de la terre au ciel, jusqu’à l’espace "mental". Le trick de fin nous ramène à la réalité du Pléthore confiné dans le noir face à sa télé… ou pas.
 
En quoi le confinement a-t-il affecté ta manière de travailler ?
Le confinement a évidemment affecté l’activité de notre société. Deux packshots (photographies publicitaires ndlr) de parfums, un clip et des tournages de films d’entreprise ont par exemple été annulés… 
On sait rebondir et s’adapter au contexte, ce projet d’animation est d’ailleurs une façon de continuer à produire et à réaliser des films en ces temps compliqués. Ça a été l’occasion de "renouer" avec l’animation et de faire une pause forcée de tournages ! Au final, la question du confinement n’est qu’une contrainte de plus que nous détournons à l’aide des différentes cordes à notre arc !

Ton prochain projet ?
Je travaille actuellement sur des visuels animés pour une campagne institutionnelle, sur l’identité graphique de Bijoute et j’ai récemment étalonné un clip.  En parallèle, on pitch sur différents projets, soit pour l’après-confinement, soit à réaliser en animation.
Confinement ou pas, on reste créatifs, prêts à s’adapter et à continuer à faire des images pour véhiculer le message de marques, d’institutions ou d’artistes, et ce malgré la pandémie !
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