Hybride pop culture
Les clips vidéos, formats courts et travaillés, évoluent depuis leur création en 1960 sous différentes formes et en utilisant diverses techniques pour mettre en valeur les artistes et leur musique. 
Les clips d’animation pourrait être considérés comme une catégorie à part au sein de ce foisonnement. Et pourtant, ils font partie depuis le départ de la construction historique du clip vidéo. On peut ainsi faire remonter les prémices du clip aux Silly Symphonies de Walt Disney, produites entre 1929 et 1939, qui mettent en scène des contes ou des histoires sans héros sous la forme de petits courts métrages d’animations muets, et synchronisés précisément avec la musique qui les accompagne. Aujourd’hui encore ces petites vidéos sont utilisées et même détournées pour accompagner des musiques sans clips qui jouent ainsi dans une technique de juxtaposition avec les particularités que leur offrent l’illustration par l’animation.
Le format clip est court, tout en pouvant offrir une possibilité de moyens et de techniques proportionnelle aux ambitions de ses créateurs. Il est donc un terreau fertile à l’expérimentation et à la minutie. Le clip d’animation peut ainsi travailler une image différente de celle du long métrage animé, en pouvant se permettre une esthétique plus expérimentale ou symbolique. Il peut être l’occasion d’une réinvention de certain codes de visionnage (mouvements des personnages, fluidité de l’animation...) et le moyen de jouer de la vision classique que le grand public à de l’animation afin de la déformer ou encore de la rendre méconnaissable.
Indissociable de la question cinématographique, l’animation à l’instar du clip demeure en recherche d’une véritable institutionnalisation, qui la détachera dans l’imaginaire collectif du «simple» film pour enfants.
Certain clips d’animation sont toutefois très connus, et même emblématiques d’une ambition nouvelle ; celle de créer un univers visuel étendu autour de certain groupe. On peut ainsi penser aux différents clips du groupe Gorillaz, devenus aujourd’hui des classiques du genre, qui déploient un univers animé prenant, rempli de références et exposant une narration construite et ambitieuse. Ou encore à l’univers visuel des Beatles, dont le clip Yellow Submarine est devenu aujourd’hui un bijou rétro qui nous embarque dans un voyage psychédélique et pop qui rend nostalgique.
Mais la question même du clip animé demeure peu traitée, et certains continuent de circuler en circuit fermé dès qu'ils n’accompagnent pas une tête d’affiche. On peut ainsi penser à Sia ou encore Coldplay, qui ont tout deux fait le choix pour leur accompagnement visuel de magnifiques clips en animation (LSD) ou encore en stop-motion (Strawberry Swing) largement diffusés.
À l’occasion cette année de la projection du clip Seven Tides de Why Mud lors de l’édition 2019 du festival TÉMA!, nous vous proposons de découvrir une sélection de clips d’animation originaux et pour certains peu connus qui explore les différentes possibilités de ce médium.
1. Le plus minimaliste
Supernaive - "Opal Waltz" réalisé par Vincent Tsui

Cette jolie création joue sur les formes et les matières, dans un univers pastel désenchanté qui file la thématique de la métaphore adolescente.
2. Le plus dansant
Odezenne - "Bébé" réalisé par Laura Jayne Hodkin
Au rythme de la musique d’Odezenne, les corps se touchent et se déforment, virevoltants et emportés par l’alcool.
3. Le plus enfantin
Tom Rosenthal - "It's OK" réalisé par Hannah Jacobs

Sous ses airs faussement naïfs, ce clip réalisé par Hannah Jacobs déploient une mélancolie tout en nuance et en profondeur.
4. Le plus futuriste
LORN - "ANVIL" réalisé par GERIKO (Hélène Jeudy et Antoine Caëcke)
Monochrome et technologie forment le décor froid de cette fable sombre et urbaine.
5. Le plus tendre
Giangrande - "Paper Plane" réalisé par Gianluca MaruottiAccompagnant cette triste ballade, l’animation prend ici des allures artisanales pour raconter l’errance poétique d’un homme et de ses singuliers compagnons.
6. Le plus décalé
"cat city" réalisé par Vewn
Lorsque l’on veut prendre son indépendance, et que l’on est un chat, tout ne se passe pas toujours comme prévu, et c’est ce que nous raconte ce clip aux allures de petit court métrage loufoque.
7. Le plus lumineux
Rone - "Origami" réalisé par Klub Simon
(Vladimir Mavounia-Kouka, Dimitri Stankowicz, Pierre-Emmanuel Lyet et Thomas Pons) 
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Explosion de couleurs et de formes, Origami nous invite à un voyage esthétique au delà des frontières du visible et de l’invisible.
8. Le plus désenchanté
CONCORDE - "Sons" réalisé par Alexis Beaumont et Rémi Godin
Le sujet du corps et de l’appréciation de soi est abordé dans ce clip d’une manière décomplexée et incisive qui ne peut laisser indifférent.
9. Le plus planant
Usted Señalemelo - "Mañana" réalisé par RUDO COMPANY
L’animation de ce clip s’évapore et tourbillonne comme du sable, donnant vie à des figures abstraites, perdues au milieu d’une immensité indéfinie.
10. Le plus critique
Jabberwocky - "Fog" réalisé par Ugo Bienvenu et Kevin Manach
Sous couvert d’une réalisation forte aux traits assumés, ce clip dresse le portrait d’une société du spectacle en pleine décadence, jusqu'à une issue dramatique et percutante.
11. Le plus romantique
FINKEL - "w/o" réalisé par Sanni Lahtinen
Course en avant à la recherche de l’être aimé, ce clip surprend dans son utilisation des couleurs et des contrastes, entre lumière et obscurité.
Valentine Montesino
(qui remercie Théo et Claude pour leurs conseils avisés)